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Commentaires, opinions et informations pratiques sur différents aspects de la gestion de projet

Gestion des Risques et PME
27 janvier 2016
Auteur : Louis Duchesne
De nature, les dirigeants de PME sont des personnes positives. Ils voient une possibilité, ils veulent l’exploiter. Ils considèrent d’entrée de jeu le potentiel d’une nouvelle initiative ou d’un projet et tendent à minimiser les désavantages, les contraintes ou les risques qui y sont associés. C’est normal : le dirigeant et tous ceux en position stratégique doivent avoir une attitude d’entrepreneur et bien vivre avec la prise de risques pour espérer tirer un bénéfice ou un avantage concurrentiel de ce qui n’est au départ qu’une possibilité.

Prendre des risques ne veut cependant pas dire les ignorer. La gestion des risques prend d’ailleurs une importance capitale lorsqu’on planifie un projet. Dans le contexte d’une PME, il peut être délicat de mener à bien les activités nécessaires à une bonne gestion des risques justement parce qu’elles viennent en contradiction avec l’enthousiasme et l’attitude positive prônée par la direction ou l’initiateur du projet. Pour faire un bon exercice de gestion des risques, le gestionnaire de projet doit plutôt mettre son chapeau de pessimiste et demander aux autres d’en faire autant :

  • Qu’est-ce qui pourrait mal tourner?
  • A-t-on des expériences négatives de projets similaires?
  • Nos hypothèses sont-elles bien validées?
  • Avons-nous des contraintes auxquelles nous n’avons pas pensé?
  • Qu’est-ce qu’on pense qui va arriver et qui pourrait (peut-être) ne pas se produire?
  • Y a-t-il autre chose qu’on aurait pu (peut-être) oublier?
Poser les bonnes questions, mais aussi avoir les bonnes personnes et fournir les conditions propices (lieu, durée, animation, …) est nécessaire pour tirer le maximum des activités de gestion des risques.

À noter, on peut aussi avoir des risques négatifs. Eh oui, comme pour les maths, les deux négatifs s’annulent et parle alors d’opportunités. Les activités de gestion des risques peuvent donc aussi permettre d’identifier des opportunités auxquelles on n’avait peut-être pas pensé!

Un autre élément important pour le succès des activités de gestion des risques est l’application du bon degré de rigueur. Une application à la lettre de la méthodologie bien connue du PMBOK (du Project Management Institute) peut parfois s’avérer un peu lourde. Il convient donc de bien adapter les activités de gestion des risques à la nature du projet, au contexte de l’entreprise et à sa culture, en particulier sa tolérance au risque.
La charte de projet | Petit guide pratique!
7 juillet 2015
Auteur : Louis Duchesne
Visionner l'article en cliquant sur le lien suivant : http://fr.slideshare.net/LouisDu/la-charte-de-projet
Leçons apprises : à prendre ou apprendre?
21 jan 2015
Auteur : Louis Duchesne
Publié le 12 mars 2015 dans le blogue du PMI-Montréal

Pourquoi est-ce si ennuyeux de consulter les leçons apprises (i.e. retour sur l’expérience) de projets antérieurs avant de se lancer dans son propre projet? L’idée de tirer parti des erreurs des autres est pourtant pleine de bon sens : être mieux informé, prendre de meilleures décisions et ainsi mieux performer et réussir son projet. Qui serait contre ça?

Pourtant.

À moins de faire partie d’une organisation qui gère systématiquement ses connaissances et force la revue des leçons apprises de projets antérieurs dans sa planification de nouveaux projets, le processus de leçons apprises est soit informel et dépend de l’initiative du gestionnaire de projet, soit formalisée mais pas mis en application pour une majorité d’organisations.

Eh bien non, je ne vais pas argumenter que c’est terrible, mais simplement faire le constat que c’est tout à fait compréhensible, et même souhaitable!

Répéter des erreurs qui auraient pu être évitées n’est sûrement pas souhaitable me direz-vous. Effectivement, mais le fait que le réflexe premier d’un gestionnaire soit d’expérimenter s’inscrit dans une démarche d’apprentissage. C’est sain et c’est sûrement souhaitable que nos gestionnaires veuillent apprendre. On reconnait maintenant l’apprentissage comme partie intégrante de notre cheminement professionnel et personnel, et cette tendance s’accentue d’année en année. Les professionnels de tous les milieux sont de plus en plus exigeants par rapport à leurs conditions de travail, et l’apprentissage joue un rôle primordial dans la réalisation de soi et la satisfaction au travail.

Alors, on évacue les leçons apprises?

Bien sûr que non. Il faut simplement comprendre qu’elles peuvent s’intégrer de façon complémentaire au processus d’apprentissage social et expérientiel qui a lieu de façon normale tout au long d’un projet.

Ainsi, au lieu de revoir les risques d’un projet on pourrait intégrer à son projet des éléments historiques en fonction de leur pertinence pour le projet et les membres de l’équipe à un moment donné ou à une phase précise du projet.

L’idée est de rendre vivant et interactif un exercice autrement assez pénible et nous permettre d’apprendre par la pratique.

Une application intéressante de ce principe, dans une optique d’amélioration continue cette fois, est le Pause and Learn (PaL) de la NASA : de courtes rencontres informelles pendant la durée du projet pour (comme le nom le dit) faire une pause et réfléchir sur ce qu’on a appris jusqu’à maintenant et essayer de l’appliquer dans le reste du projet. Les rencontres sont courtes car on se limite à un sujet et il n’y a pas de compte rendu! Le SCRUM prône aussi ce genre d’activité après chaque sprint (itération).

De beaux moyens pour stimuler l’apprentissage tout en assurant le succès de nos projets!

Le ministre Poëti et les limites de l’agilité
11 nov 2014
Auteur : Louis Duchesne

Je suis un adepte des méthodes agiles et je crois que plusieurs des principes du Manifesto peuvent favorablement être utilisés dans des projets autres que les TI ou le logiciel. La transposition de ces principes a quand même ses limites et j’en ai eu un bel exemple dernièrement.
Le ministre des Transports, Robert Poëti, donnait une allocution à laquelle j’ai assisté dans le cadre d’un colloque. Outre une prestation très efficace sur l’importance pour les différents intervenants de mieux travailler et collaborer, M. Poëti a touché un point particulièrement intéressant lorsqu’il a relaté un discours qu’il avait fait lors de l’inauguration du Train de l’Est.

M. Poëti nous a expliqué qu’il avait reçu le discours d’inauguration peu de temps avant et qu’il avait été surpris par un des premiers paragraphes qui mentionnait que le projet serait complété à 90% à la date prévue, mais que tout serait « fonctionnel ».
On lui avait expliqué qu’effectivement, il manquerait quelques abris ou autres éléments secondaires, mais que le train serait fonctionnel. M. Poëti a alors expliqué aux gens qu’il allait lui aussi lire 90% de son discours et exclure les félicitations… Son point de vue : les transporteurs publics essaient par tous les moyens de créer une « expérience » de transport pour les usagers afin de les garder mais aussi d’accroitre la clientèle. Cette « expérience », c’est la cerise sur le sundae, ou, en des termes empruntés à d’autres, la «  tarte aux pommes » (M. Desrosiers de la STM*), le « wow factor » (notre président du PMI), …

M. Poëti a expliqué que la pauvre dame qui attendrait le train sans abri et exposée à la neige ou sous la pluie aurait probablement de la difficulté à vivre cette « expérience ». Il a aussi utilisé l’exemple du Wi-Fi, qui n’est pas non plus prêt pour l’instant, alors qu’on sait qu’il est maintenant pratique courante de prendre des ententes de publicité avec des fournisseurs afin d’offrir le service gratuitement, et même de bénéficier de ristournes.
Sa réaction et son raisonnement m’ont fait prendre conscience de combien certains principes agiles peuvent être loin de la réalité quand on parle de projets d’ingénierie… Alors qu’un des principes de l’agilité est de se concentrer sur ce qui ajoute de la valeur et laisser aller le reste, le succès d’un projet d’ingénierie est souvent jugé dans les quelques derniers pas qui l’amènent à 100%, sa finition, sa touche finale. La valeur d’un logiciel, c’est de pouvoir livrer les meilleures fonctionnalités, rapidement, alors que pour le projet d’ingénierie, personne n’applaudira parce que le train est « fonctionnel ».



Comme quoi on doit tenir compte de la nature et de la réalité d’un projet avant de dire qu’une approche est la meilleure, surtout quand cette approche est très à la mode par les temps qui courent. Les principes agiles sont attrayants, mais l’adoption de ces principes et la façon dont ils sont mis en œuvre doivent être considérées en fonction de la nature et du contexte d’un projet.

C’est à la fois la beauté et le défi de la gestion de projet : éviter les dogmes et choisir l’approche la plus pertinente, tout en sachant que la clé du succès est souvent dans l’application!
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